Faculté & Recherche -Unframed Teaching : les conséquences du Brexit pour les étudiants européens

Unframed Teaching : les conséquences du Brexit pour les étudiants européens

Découvrez notre nouveau rendez-vous en vidéo – Unframed Teaching – et l’analyse en vidéo des conséquences du Brexit pour les étudiants européens par Thomas Flichy de La Neuville, titulaire de la nouvelle Chaire de géopolitique de Rennes School of Business.

Professeur et titulaire de la Chaire Géopolitique de Rennes School of Business, agrégé d’histoire et docteur en droit, Thomas Flichy de la Neuville a été auparavant professeur à l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux, à l’École Navale puis à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Ancien élève en persan de l’Institut National des Langues et Cultures Orientales (INALCO) et spécialiste de la diplomatie au 18ème siècle et de l’histoire diplomatique de l’Iran, ses derniers travaux portent sur les relations françaises avec la Perse et la Chine à l’âge des Lumières. Il est auteur et co-auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels « Géopolitique de l’Iran. De l’empire confiné au retour de la puissance », aux PUF, 2015. Découvrez son analyse du Brexit et de ses potentielles conséquences pour les étudiants français et européens.

« D’un point de vue géohistorique, la province îlienne d’un Empire, même si elle bénéficie mécaniquement d’une certaine autonomie, n’a pas forcément vocation à se séparer politiquement de sa matrice. L’histoire de la Sicile, de la Crête ou de l’île d’Hainan, au large de la Chine, témoigne des liens politiques étroits qu’eurent ces trois îles avec le continent tout au long de leur histoire. L’indépendance politique nécessite en réalité une certaine taille critique et surtout une singularité historique. A l’heure où la Grande-Bretagne se destine à devenir le Taïwan de la Chine, l’on peut s’interroger sur les raisons qui expliquent ce choix. Les partisans du Brexit, Boris Johnson en tête, estiment que la matrice libérale britannique est en droit rompre ses liens avec une filiale politique européenne en proie au bureaucratisme impérial. Ses adversaires à l’inverse s’émeuvent des conséquences économiques et sociales désastreuses que le Brexit entraînerait pour les îles Britanniques.
Quelles seront-elles pour les étudiants ? Du point de vue économique, les 12 000 étudiants français en Grande-Bretagne pourront bénéficier d’une hausse de leur pouvoir d’achat en raison d’une livre sterling affaiblie. Mais cet avantage sera contrebalancé par la hausse des coûts d’inscription dans les universités britanniques. Le système des équivalences restera intouché dans la mesure où il est régi par un processus de Bologne qui dépasse le cadre de l’UE.
Il n’en reste pas moins que l’accès aux Universités britanniques, dont les meilleures figurent dans le top 10 des universités mondiales et le top 5 des écoles de commerce, sera rendu plus difficile pour les étudiants européens. Bénéficiant d’une intégration de fait au système universitaire américain dominant, la Grande-Bretagne s’appuiera sur le Brexit pour affiner la sélectivité de ses futurs étudiants. Or ses ambitions en la matière sont très importantes puisqu’elle a prévu d’augmenter le nombre d’étudiants de 30% d’ici 2030.
Mais le Brexit n’est compréhensible que s’il est replacé dans une perspective historique plus large. La Renaissance, temps de la première mondialisation connecta l’ensemble des continents tout en faisant naître une réaction nationale en Europe. L’accélération de l’évolution technologique contemporaine ne fait que répéter ce processus à plus vaste échelle. Aussi s’accompagne t’il de l’inéluctable résurgence des identités. Aurions-nous oublié qu’un autre Brexit se manifesta à la fin du XVe siècle, lorsque l’Angleterre perdit ses possessions françaises outre-manche ? »

Thomas Flichy de la Neuville, titulaire de la Chaire Géopolitique de Rennes School of Business.